Les fiancés
Ils s’envahissent du regard
tendent la main vers le néant
s’inquiètent du moindre retard
referment leurs doigts sur le vent
au premier mot leurs lèvres tremblent
leurs yeux se ferment sous la bouche
ils soupirent quand ils se touchent
frissonnent parce qu’ils se ressemblent
ils ont l’âme au bord des paupières
aucun doute ne les étreint
leurs sentiments sont des prières
nulle crainte ne les retient
ils ont la tendresse lyrique
les larmes promptes au tutoiement
la volupté mélancolique
et le vertige en châtiment
avec la peur d’être meurtri
leurs coeurs s’effarouchent d’un rien
de la nuit tombée, des chagrins
des rires gênés, de l’ennui
quand la confiance en eux défaille
que les pieds perdent leur appui
que leurs voix brusquement déraillent
en trébuchements interdits
ils s’épuisent en retrouvailles
pour apprendre à se dire oui
et inventent au creux de leur lit
toute une vie de fiançailles
quand la passion reprend envie
quand le feu revient lentement
ils s’épousent pour une nuit
l’amour devient commencement