Broken dreams
Mon amour, mon maçon, mon maître-bâtisseur
Ce sont de très vieux murs qui abritent nos âmes
il fut un temps où leurs pierres brillaient
d’éclats de fer, de quartz, de poudre de mica
quand le jour était jeune et vives les couleurs
mais nous avons laissé sur les vieilles façades
s’établir le salpêtre, et cette lueur pâle
qui éclaire la mousse, c’est l’éclat des cristaux
de rouille, de moisi, de nitrate d’argent
le vieux lierre lézarde en grimpant vers le toit
il ronge les corniches, attaque le ciment
les briques, le torchis, il maltraite le bois
Du seuil, nous regardons notre maison trembler
ses murs se fissurer et son toit s’effondrer
notre vieille bâtisse perdue dans son passé
qui voudrait rajeunir, qui attend d’être aimée
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Elle pourrait refleurir sous un peu de soleil
se montrer plus pimpante, se faire une beauté
repeignons les volets, aérons les greniers
essuyons les carreaux tout chiffonnés de pluie
remontons la pendule arrêtée à midi
cirons les escaliers et le parquet qu’on voit
à travers les tapis usés par la poussière
recousons les fauteuils qui dispersent leur crin
et rentrons les ressorts qui piquent les assises
allumons le fourneau qui espère son bois
ouvrons grand les fenêtres et levons les rideaux
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La lumière entrera, nous la verrons danser
s’amuser sur les murs, bouger dans les miroirs
elle ira égailler ses éclats sous les portes
et viendra se lover entre les plis des draps
Mon amour, mon maçon, mon maître-bâtisseur
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Nous aurons beau dresser des étais au fronton
élancer l’escalier jusque en haut du faîtage
redorer les lambris, rebâtir à chaux et à sable
colmater les fissures, retracer le refend
nous aurons beau dessiner des parterres
et orner de fontaines les allées du jardin
arroser à grande eau la verrière et le porche
reformer la charpente et vernisser les tuiles
tard le soir, projeter, réviser nos croquis
et le matin venu nous remettre à l’ouvrage
Le temps nous manque pour faire oeuvre
et trop de malfaçons ont sapé l’édifice
Alors nous attendons, assis devant la porte
de le voir s’affaisser dans le lent crépuscule