Marie-Galante
J’ai retrouvé ma blonde sur le bord du chemin
pieds nus, ses sandales à la main, sa tunique
salie par le sable et par l’eau du fossé
ses cheveux décoiffés par le vent de la mer
elle levait vers moi un regard angélique
imprévoyante, étourdie, si légère
déjà soumise à son propre désir
J’ai pris sa main et nous avons couru
vers la maison, vers l’ombre du jardin
riant de ses péchés, et moi de la voir rire
accablés de chaleur, nous avons savouré
les langoustes, le colombo
les accras épicés et le sucre de canne
étanché notre soif avec l’eau du carbet
La journée s’est passée entre le ciel et l’eau
jusqu’au soir annoncé par la faible marée
son corps radieux, dans mes bras retenu
je me demandais à quoi elle rêvait
toute épuisée d’amour au seuil de ma cabane
elle dormait, et sous son délicieux sourire
un petit filet de sueur coulait contre ma peau
La nuit venue, nous avions trop dormi
ma blonde a rajusté sa parure fripée
relevé ses cheveux au dessus des oreilles
fermé sur ses poignets ses anneaux de vermeil
et je l'ai serrée contre moi sans rien dire
car nous étions désormais désunis
sa main pâle posée sur ma paume foncée