Dimanche après-midi
Tendant la main vers moi, il m’amenait à lui
Je roulais lentement vers le rebord du lit
Ouvrir les yeux en grand paraissait impossible
Le regarder vraiment semblait trop dangereux
Mes paupières baissées fuyaient l’ombre et le jour
Mais ses lèvres déjà se posaient sur les miennes
Et son souffle et le mien ne faisaient qu’un soupir
Mes mains sur ses épaules nos jambes emmêlées
Son torse m’écrasait ses bras me retenaient
Mes seins se soulevaient vers sa bouche entrouverte
Ses yeux cherchaient les miens il fallait m’y noyer
Mon ventre revenait en houle vers son ventre
Et c’était tout à coup comme une lame en moi
Il pourfendait mon coeur mon corps se déchirait
De mes doigts j’agrippais le satin de sa peau
Ou le coton des draps je mordais l’oreiller
Il arrachait mon âme au néant je tremblais
Il venait jusqu’à moi pourtant j’étais au ciel
Il savait me trouver venait à ma rencontre
Sa bouche pleine se posait sur la mienne
Et me tenait serrée, collée à son visage
Tendue comme une corde vibrante sous l’archet
Soudain ma voix s’enflait, implorait sa pitié
Hurler s’il le fallait, pleurer, chanter, jouir
Quand il me reprenait, déployée sous son corps
J’entendais se briser son esprit dans ma chair
Tandis que le désir demandait délivrance
L’amour avec la vie sombraient dans le néant.