Poussière d'étoile
Caillou roulé, petit galet balloté par le vent
mousse tendre mêlée aux écorces rompues
jeune liane enroulée au mât du devenir
j’attendais
Edward Hopper
Je voyais sans voir, je cherchais
à comprendre à deviner peut-être
comment il faudrait vivre et dire
aimer, penser, grandir, être moi
j’avançais vaillamment, je marchais
Ignorant que tout viendrait au soir
je fixais vainement l’horizon embrumé
si j’avais su que mes yeux se voilaient
mes doigts auraient lâché plus vite
l’appui de la fenêtre où je guettais
Au loin, le soleil descendait, nuages étirés
la route s’éloignait, poussière soulevée
les arbres ployaient, feuilles éparpillées
j’attendais sans savoir si le matin viendrait
l’espoir – ou le désir – chaque nuit le noyait
Si mes yeux se posaient sur la mer
je questionnais l’écume, sa crinière
la gerbe blanche et les éclats de sel
qui viendraient au retour de la houle
mourir sur le sable à mes pieds
Je me tenais au soir, regardant vers le ciel
poussière d’étoile, de lune, fragile résonance
d’un soleil éclaté en milliards de pensées
lueur d’un univers aux rêves infinis
imprécise traînée de poudre, de clarté
Je rapportais chez moi la trace du silence
infime vibration de tempêtes bravées
aux confins de l’esprit, du vide, du néant
incertaine épopée, précaire traversée
furtive comme un souffle, un soupir, une vie