Leçon de choses
J’ai voyagé quelquefois et j’aimais
découvrir le monde en dilettante
promeneuse volage, inconstante
j’avais l’envie furtive de changer
Marchant dans des rues inconnues
j’apprenais des sons différents
des saveurs, des odeurs nouvelles
des récits en langue étrangère
Je m’avisais d’étranges rituels
je m’initiais à de curieux mystères
je guettais l’improbable, je souhaitais l’imprévu
dans mon agitation fantasque et lunatique
j’avais un désir d’ailleurs, capricieux et fervent
Mais je ne franchissais que de vieilles frontières
et je ne découvrais que d’anciennes idées
je ne voyais dans ces pays énigmatiques
que des maisons de bois, de pisé ou de pierre
des chambres où j’aurais aimé habiter
Les voyages nous forment à la déconvenue
ils agitent nos sens de vibrantes promesses
leurs similitudes nous prennent au dépourvu
leurs dissemblances nous bouleversent
Ils font de nous – quelle leçon – des étrangers.