

Les bois noirs
Cette promenade en passé, ce périple sans fin
qui serpente et sinue entre chênes et fougères
quand la garrigue cède sous la brise légère
et que passant les vignes s’étire le chemin
faits d’éclats de gravier, sable gris et rochers
opales et galets, petits cailloux tranchants
égaillés sous nos pieds, dispersés par le vent
sur lesquels nous pouvons si vite trébucher
Au moment de passer dans les taillis sauvages
sous les branchages secs et les sombres brisées
notre allure faiblit, nos mouvements s’effraient
l’obscurité nous prend, blesse notre courage
quand il faudrait d’un coup tailler, couper, scier
défricher, essarter, brûler sous le couvert
les feuillages jaunis et les vieilles ramées
pour que la cendre chaude fertilise la terre
Mais nous nous arrêtons au ponton des regrets
les ruisseaux à passer ne sont pas si rapides
et pourtant nous laissons devant une eau limpide
nos élans se glacer et nos pas s’engourdir
entre nos doigts ouverts le vent peut s’engouffrer
impérieux ou léger, ouragan ou zéphyr
il voudra nous forcer à faire marche arrière
à prendre le sentier où nous marchions hier
Mon amour, ma promesse, nous sommes assourdis
de rengaines ennuyeuses, de trop de faux accords
nos souvenirs s’apaisent, leurs contours adoucis
bercent notre sommeil, étouffent nos remords
et le temps se replie sur nos rêves enlacés
au creux d’un lit de pierre et de glaise séchée
où nos corps pétrifiés vont contraindre nos âmes
à brûler de désir dans un brasier sans flamme
