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Les bois noirs

Cette promenade en passé, ce périple sans fin 

qui serpente et sinue entre chênes et fougères

quand la garrigue cède sous la brise légère

et que passant les vignes s’étire le chemin 

faits d’éclats de gravier, sable gris et rochers

opales et galets, petits cailloux tranchants 

égaillés sous nos pieds, dispersés par le vent

sur lesquels nous pouvons si vite trébucher

 

Au moment de passer dans les taillis sauvages 

sous les branchages secs et les sombres brisées

notre allure faiblit, nos mouvements s’effraient

l’obscurité nous prend, blesse notre courage

quand il faudrait d’un coup tailler, couper, scier

défricher, essarter, brûler sous le couvert

les feuillages jaunis et les vieilles ramées

pour que la cendre chaude fertilise la terre

 

Mais nous nous arrêtons au ponton des regrets

les ruisseaux à passer ne sont pas si rapides 

et pourtant nous laissons devant une eau limpide

nos élans se glacer et nos pas s’engourdir 

entre nos doigts ouverts le vent peut s’engouffrer

impérieux ou léger, ouragan ou zéphyr

il voudra nous forcer à faire marche arrière

à prendre le sentier où nous marchions hier

 

Mon amour, ma promesse, nous sommes assourdis

de rengaines ennuyeuses, de trop de faux accords

nos souvenirs s’apaisent, leurs contours adoucis 

bercent notre sommeil, étouffent nos remords

et le temps se replie sur nos rêves enlacés

au creux d’un lit de pierre et de glaise séchée

où nos corps pétrifiés vont contraindre nos âmes

à brûler de désir dans un brasier sans flamme

2019
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