
Freight train
Le long des voies derrière le pont
ils étaient vides les wagons
elle montait sur le marchepied
sur le plancher sale et rugueux
poussiéreux
elle posait son petit panier
​
elle s’appuyait contre la porte
elle attendait
que le train l’emporte
elle rêvait
​
les hommes rentraient le soir
il fallait fuir, dire au revoir
elle en perdait tout son courage
le train restait sur ses essieux
silencieux
personne ne partait en voyage
un toit en tôle et quatre planches
c’était sa maison du dimanche
en secret elle s’y réfugiait
pour se protéger des orages
dommage
elle croyait qu’elle s’évaderait
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elle s’appuyait contre la porte
elle attendait
que le train l’emporte
elle priait
​
il fallait que tous feux éteints
elle roule vers son destin
dans sa boîte de fer rouillé
il y avait de quoi vivre neuf vies
funky
tellement d’endroits où danser
​
on lui disait qu’il faisait beau
sous d’autres cieux, qu’il faisait chaud
qu’elle pourrait vivre en vacances
elle pensait qu’il ferait meilleur
ailleurs
elle voulait croire à sa chance
​
elle s’appuyait contre la porte
elle attendait
que le train l’emporte
elle espérait
​
mais ce n’était qu’une gamine
une petite fille encline
à rêver trop grand et tout haut
une brunette sans cervelle
rebelle
qui se prenait pour un clodo
​

un jour prochain elle reviendra
un autre train la ramènera
il faut toujours payer ses dettes
renoncer à la nostalgie
enfuie
il faut toujours que tout s’arrête
​
elle s’appuiera contre la porte
elle attendra
que le train l’emporte
une nouvelle fois
