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Le jour où je viendrai… quand je prendrai ce train

Qui tarde sur le quai, je prendrai en otage

Les livres que je veux te donner en partage

Le grand miroir doré, un buste en plâtre peint

 

Je laisserai ici sur le bord du trottoir

Les chemises, les jeans et les foulards de soie

Mes chaussures à talons, mes baskets écornés

Mon ciré de Bretagne et mon manteau chinois

​

J’oublierai les bougeoirs, les couverts démodés

L’odeur de ma maison, le parfum du jasmin

Les dentelles jaunies, les vases ébréchés

Qui ne recevront plus les fleurs de mon jardin

 

Je bouclerai mon sac et je mettrai le chat

Dans le coffre en osier ou dans un grand carton

Bordé de couvertures, enveloppé de draps

Il pourra s’endormir dans son léger ronron

Check-list

Je rangerai aussi les cahiers de poèmes

Et les lettres d’amour enrubannées par deux

Qui disent je t’attends, qui me disent je t’aime

Avec ces mots légers qui masquent des aveux

​

En fermant sans regrets ma vieille malle en cuir

Sur les anciens chagrins, je pourrais effacer   

Les images, les rêves, les mauvais souvenirs 

Le peu que j’ai gardé des fragrances passées

​

Je laisserai le vent soulever la poussière

Sur le seuil de la porte et sous les volets clos

Je claquerai sans bruit la grille et la barrière

Je jetterai les clefs je tournerai le dos

 

Dis-moi que tu me veux, dis-moi que tu m’espères

Et je serai sans honte en arrivant vers toi

Je ne porterai plus que la robe légère

Que tu peux soulever avec le bout des doigts

 

Rien d’autre ne viendra alourdir mon bagage

Le jour où tu seras au bout de mon voyage.

2020
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