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Note bleue

J’aimais le bleu quand j’occupais mon temps 

à chercher dans l’éther le spectre des couleurs 

du pourpre du matin aux bronzes du couchant

le ciel se nuançait dans l’encre et l’émeraude

 

J’aimais le bleu quand j’ai perdu l’azur et l’indigo

l’or a pu quelquefois remplacer l’outremer

et le rouge carmin ensanglanter l’ardoise

le noir a recouvert le lapis-lazuli

 

J’aimais le bleu quand le gris a gagné la palette

quand  le blanc s’est noyé dans le vert et la boue

il n’est resté au fond qu’un pastel sans éclat

que le vent a bruni de feuillages rouillés

 

J’aimais le bleu quand j’y cherchais tes yeux

plus pâles ou plus foncés selon que tu m’aimais 

mais ils se sont noyés dans l’écume givrée

sous la glace durcie ils sont restés figés

 

J’aimais le bleu quand mes cheveux ont pris

cette teinte de poudre et d’opaque fumée

qui reflète parfois les nuances d’acier

de mon âme accrochée aux lignes d’horizon

 

Dont le bleu est celui des minuits à venir

et des aubes blessées bleu barbeau ou charron

parfois couleur dragée parfois roi ou saphir

plus sombre et plus glacé que la brume bleutée 

 

où s’égarait ma vie.

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2020
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